Paris, France. Été 2022.
À l’heure où ces lignes sont écrites, la France, comme l’immense majorité des régions du monde, sort à peine d’un épisode caniculaire extrêmement intense. La raison ? Le réchauffement climatique, évidemment. Voilà une énième preuve de l’impact néfaste des éco-systèmes artificiels humains sur ceux de la nature.
Chez Bienfait, cela fera bientôt un an que nous créons des services no-code et que nous investissons différents sujets autour de cette thématique. Et, comme on aime bien notre planète, on a décidé de nous pencher sérieusement sur les enjeux environnementaux de ce secteur. On ne vous cachera pas notre surprise en découvrant que c’était encore un terrain presque vierge. Peu de ressources disponibles, des acteurs encore majoritairement étrangers à ces questions… Bref, ce n'était pas gagné ! Alors on a cherché, discuté, écouté, (dormi, un peu), puis cherché à nouveau.
Tout cela avec une seule question en tête : moins de code, veut-il dire moins de carbone ?
Tout d’abord, soyons honnêtes. Évaluer l’impact du no-code, et donc calculer son empreinte carbone, sur le réchauffement climatique mondial n’est pas chose aisée. La relative nouveauté du secteur couplée au manque d’études et de recul sur le sujet entretien un flou statistique qui ne nous permet que des approximations.
Alors, avant même de parler du no-code et de son impact climatique, prenons le temps de poser le contexte dans lequel ce dernier s’inscrit : le numérique.
À première vue, on pourrait penser que le numérique, de par sa nature non-tangible, n’exerce pas un impact signifiant sur les émissions de gaz à effet de serre mondiales (GES). La réalité est pourtant toute autre.
Derrière l’image lisse et épurée du numérique drivée par les super-puissances de la tech se cache une industrie intimement liée au carbone. Car avant de se procurer un smartphone superbement emballé dans un magasin luxueux, ou avant d’acheter un service numérique via un site web au design élégant, on participe activement (et parfois sans même s’en rendre compte) à une industrie généralisée qui pilonne les ressources naturelles de la terre. Preuve en est, on estime aujourd’hui la part de l’industrie numérique dans le réchauffement climatique à environ 4%.1
4% diront certains, c’est peu. En réalité, 4%, c’est énorme. À titre de comparaison, c’est 2 fois l’impact du secteur aéronautique au niveau mondial2, rien que ça. Et ce n’est pas un chiffre fixe, l’expansion soutenue du secteur tend à multiplier par 2 les émissions de GES à horizon 2030.2 8%, ce serait l’équivalent des émissions de GES du transport routier à l’échelle mondiale. 2
Bien sûr, le no-code n’est pas responsable à lui seul de la dimension colossale de ces chiffres. Loin de là. Mais il supporte d’une certaine manière ce système.
Le numérique représente donc un polluant extrêmement agressif vis-à-vis du dérèglement climatique. Toutefois, le chiffre correspond à toute l’industrie qui soutient et permet l’usage du numérique, le no-code lui ne correspond qu’à une infime partie de ce chiffre. Tour d’horizon.
Naturellement, c’est un sujet extrêmement complexe qui s’articule autour de nombreuses thématiques dont l’impact diffère selon la localité (nature de la production énergétique, procédés industriels, etc.). Toutefois, on peut diviser la pollution numérique et l’émission de GES en 3 grandes catégories1 :
1. Les équipements (environ 47%)
2. Le réseau (environ 28%)
3. Les data-centers (environ 25%)
Les équipements, la principale source de pollution donc, correspondent aux procédés industriels amenant la production et la distribution de nos terminaux et infrastructures, qui soutiennent et permettent l’usage du numérique à l’échelle de la planète. Autrement dit, on englobe ici la politique d’extraction minière intensive (métaux rares, alliages, etc.), les procédés industriels qui ne fonctionnent pas qu’à l’éolienne, l’assemblage des produits finis (souvent réalisés à des milliers de kilomètres, là où la main-d’œuvre reste bon marché), et le transport jusqu’à nos magasins climatisés.
Ainsi, on estime que la seule fabrication d’un ordinateur portable représente l’émission de 103 kg de CO2 (sur les 156 kg de son cycle de vie complet). Mais n’en restons pas là, on peut également ajouter à tout cela les tensions exercées par ces schémas industriels sur les ressources naturelles comme l’eau, le bois et les minerais.
Le réseau, ensuite, correspond aux infrastructures déployées à l’échelle mondiale pour permettre à nos services de fonctionner correctement. L’exemple le plus poignant étant incontestablement la gigantesque toile d’araignée marine qui connecte et relie le monde entier à Internet. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec ces infrastructures, il s’agit d’immenses câbles sous-marins enfouis sous le plancher océanique, et qui assurent la bonne communication de nos services. Une sorte de fibre mondiale marine et intercontinentale.
Début 2020, on comptait plus de 400 câbles océaniques dont nombre d’entre eux dépassent les dizaines de milliers de kilomètres. Évidemment, l’installation et la maintenance de ces infrastructures hors du commun représentent un coup carbone énorme pour la planète.
Et enfin, les data-centers, qui représentent le quart restant des émissions de GES liées au secteur du numérique. C’est sur cette dernière catégorie que les outils no-code auront une carte à jouer en mettant en place ce que nous appelons l’éco-conception (nous y reviendrons.).
Les data-centers, puisque ce sont eux dont il s’agit, sont en réalité d’immenses hangars pourvus de milliers de serveurs qui hébergent, traitent, et communiquent les données du web vers tous les terminaux de la planète. En 2021, on comptait plus de 4 500 infrastructures de ce type répartis au sein d’une centaine de pays. Là encore, c’est un coup énergétique démentiel puisqu’ils nécessitent une alimentation électrique constante et un refroidissement drastique. À titre d’exemple, les data-centers chinois représentent 2,5% des émissions de GES du pays tout entier, quand bien même la Chine recense la majorité de l’industrie lourde de la planète.
En somme, les 3/4 quarts des émissions de CO2 rejetées par le secteur du numérique sont indépendants du bon fonctionnement des services numériques en question, qu’ils soient no-code ou non. Ces émissions-là sont, en effet, surtout liées aux conséquences de la mondialisation, aux conditions sociales et/ou géopolitiques, aux chaînes de fabrication basées sur les énergies fossiles, et à une politique d’extraction des ressources qui fonctionne à haut débit.
Mais ne paniquons pas, pas tout de suite. Les 25% restants représentent tout de même 1% des émissions de GES à l’échelle du globe ! C’est loin d’être ridicule, et comme il n’y a pas de petites économies, intéressons-nous au dernier quart.
Attaquons le dernier quart, c’est le moment de vérité. Code ? No-code ? Low-code ? Qui sera le grand champion du bas carbone ? Au risque de vous décevoir, il semblerait qu’ils se tiennent tous dans un mouchoir de poche. Analyse.
Pour départager nos finalistes, il faudrait s’intéresser à la consommation de chacun d’entre eux, or, c’est une tâche à opérer au cas par cas qui n’aurait pas de réels intérêts statistiques. Comprenez bien, le fonctionnement global des services no-code et autres sont identiques. À la lettre près.
Ils sont hébergés sur les mêmes serveurs, dans les mêmes data-centers, aux mêmes endroits et sont consommés de la même manière par les utilisateurs. En outre, ils nécessitent tous l’utilisation de terminaux digitaux identiques : smartphone, ordinateur portable, tablette, etc. Ce qui change fondamentalement la donne, c’est la manière de concevoir ces outils, et non la façon dont ils fonctionnent.
Toutefois, les outils no-code possèdent deux avantages indirects qui les placent peut-être en tête de la course au bas carbone.
D’abord le fait qu’ils reposent tous sur un principe de mutualisation. Chaque outil est la propriété d’une entreprise qui détient une emprise totale sur son service. Il n’appartient qu’à cette entreprise de rendre son service le plus eco-friendly possible. Prenons l’exemple de Webflow. Si ce dernier décide du jour au lendemain de mettre en place une politique forte vis-à-vis de l’éco-conception de ses sites web, l’impact immédiat sera immense. Pourquoi ? Parce qu’un changement de la maison mère impacterait indubitablement tous ses enfants (comprendre les sites web conçus sur Webflow), par un mécanisme de ruissellement.
La mutualisation, inhérente aux produits no-code, représente donc un atout immense dans la mise en place rapide d’une sobriété énergétique à grande échelle. C’est là une partie de la puissance du no-code.3
La deuxième carte que le no-code a dans sa main, le deuxième atout si vous êtes un joueur de tarot, c’est sa capacité à catalyser la transition numérique à l’échelle du globe. En effet, l’impact du no-code dans la transition numérique et dans le déploiement de services plus intelligents est primordial. En permettant une accessibilité au développement web jusqu’ici inégalée, le no-code permet à quantité d’acteurs de développer des solutions numériques à même de baisser drastiquement l’empreinte carbone à leurs échelles, tout en limitant leur frais, et en se soustrayant à la pénurie mondiale de développeurs.
En somme, on peut estimer que le no-code n’est pas si différent des solutions numériques classiques d’un point de vue carbone, si ce n’est qu’il a en main un potentiel climatique bien plus important. C’est déjà beaucoup.
Il nous reste maintenant un dernier sujet à creuser, celui de l’éco-conception. Car outre les facteurs à potentiel du no-code et la manière dont ceux-ci fonctionnent, la conception même des services no-code permet d’influer sur leurs bilans carbone.
L’éco-conception repose sur trois facteurs bien distincts qui mêlent plusieurs compétences métiers3 :
1. La pertinence
2. La frugalité
3. La simplicité
La pertinence fait appel à des compétences en gestion de projets et en design thinking. C’est une part essentielle du projet (bien que trop souvent écartée) qui vise à déterminer l’utilité du projet. A-t-on réellement besoin d’un tel service ? Si oui, dans quelles conditions ? À quel prix ? Etc.
Cette étape-là vise à apporter à une problématique initiale une réponse concrète. En d’autres termes, on vise ici à supprimer l’inutile, et donc à limiter la puissance de calcul nécessaire aux serveurs qui hébergent notre service pour le faire tourner correctement. C’est en limitant cette puissance de calcul que nous pourrons abaisser notre consommation énergétique, et donc amoindrir notre bilan carbone.
La frugalité, c’est la mise en œuvre du projet. Elle englobe le choix des outils no-code (pas tous équivalents en matière d’émissions de GES), l’UX d’un projet (un site web bien conçu permet à l’utilisateur de trouver rapidement l’information recherchée et implique donc une baisse de la consommation énergétique par utilisateurs.), et enfin le contenu affiché et hébergé. À titre d’exemple, le poids des images et vidéos mis en ligne sur un site web influe directement sur la puissance de calcul nécessaire au bon visionnage du contenu par l’utilisateur. C’est donc au no-code maker de maîtriser les notions de contenu web afin d’apporter la meilleure expérience à l’utilisateur, tout en supprimant l’inutile. On parle ici d’efficience énergétique.
La simplicité, enfin, c’est la somme des deux catégories précédentes. Elle englobe la pertinence du projet (la solution créée a-t-elle une vraie valeur ajoutée ?), la conception même du service (choix des outils, SEO, etc.), et l’utilisation par l’utilisateur (UX).
Vous l’aurez compris, les enjeux climatiques du no-code sont sensiblement identiques, et intimement liés à ceux du numérique. Cette technologie peut être propre, et sobre. Il s’agit simplement de la glisser dans les mains adéquates. Le bilan carbone des outils no-code sera donc grandement impacté par les concepteurs eux-mêmes. À eux de connaître les subtilités du numérique, les mécanismes de référencement, les bilans carbone de chaque outil no-code et la meilleure manière de concevoir l’UX et UI d’un service.
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Alors concrètement, le no-code à une marge de manœuvre réduite dans la quête du bas carbone au sein du numérique puisqu’il n’influe que sur 25% des émissions de GES du secteur. Toutefois, et c’est rassurant, ces 25% là représentent 1% des émissions de carbone du monde entier. Et 1%, c’est beaucoup, c’est même gigantesque.
En outre, les outils no-code ne sont pas sensiblement différents des outils développés de manière “classique”. À l’exception d’un potentiel de basculement énergétique inégalé et d’une part non-négligeable dans le développement du numérique, les outils no-code sont comme tous les outils numériques : des outils très puissants, à condition qu’ils soient entre de bonnes mains.
À l’avenir, la maîtrise de ces outils (back-end et front-end compris) jouera un rôle crucial dans la construction de solutions bas carbone. Chez Bienfait, nous considérons ces thématiques de travail/recherches comme essentielles et parties prenantes des solutions no-code. Alors oui, cela implique indubitablement une dépense d’énergie et de temps supplémentaire en ce sens. Mais à vrai dire, nous n’avons pas le choix.
Notre site a fait peau neuve et toute l'équipe Bienfait vous embarque dans les étapes clés de ce projet.
On parle beaucoup de l'impact climatique de nos services. Mais on discute rarement de solutions concrètes pour limiter celui-ci. Chez Bienfait, on cherche à tout prix à trouver des moyens d'agir concrètement sur le climat. Notre première idée ? le SEO.
Nous vous avons compilé ici les 10 enseignements les plus importants que nous avons relevés lors de nos recherches. À l’image du métier de *product builder*, ces 10 enseignements sont éclectiques, abordent chacun une phase précise du développement d’un projet no-code, et demandent des compétences diverses.