Le no-code contre l’habitat indigne : Aurélien Migeot, développeur au service du terrain

De Too Good To Go à beta.gouv : un virage vers le no-code

Aurélien Migeot n’est pas informaticien de formation. Il débute sa carrière dans le marketing chez Too Good To Go, où il explore les outils d’automatisation et de growth. C’est là qu’il découvre Glide, un outil no-code qui transforme un simple Google Sheet en application. Le déclic est immédiat : enfin un moyen de concrétiser ses idées sans passer par des mois d’apprentissage en développement.

D’abord pour des projets personnels, puis en freelance. Une première mission pour créer un MVP dans le cadre de beta.gouv devient un projet de long terme : l’outil existe encore deux ans et demi plus tard.

OILHI : une application publique pour outiller les mairies face au mal-logement

OILHI (Outil d’Instruction pour Lutter contre l’Habitat Indigne) est né au sein de beta.gouv. Sa mission : accompagner les collectivités locales dans le traitement des logements indignes, qui mettent en danger les occupants. Problèmes de toiture, humidité, murs fissurés, nuisibles, chaque situation implique une procédure administrative spécifique, souvent complexe.

L’application s’adresse aux agents municipaux, parfois peu formés, souvent isolés face à des dossiers lourds. OILHI les guide pas à pas : diagnostic, génération automatique de modèles d’arrêtés, rappels, suivi. Un assistant numérique, discret mais efficace.

Un outil no-code pensé pour les réalités du terrain

OILHI est entièrement conçu sur Glide. Un choix pragmatique, assumé, qui permet de lancer vite, d’itérer souvent, sans équipe tech dédiée. Les cycles de développement sont courts, les retours des utilisateurs intégrés rapidement.

L’outil a traité plus de 300 situations, dont une centaine résolues.

Des contraintes techniques connues, mais bien cadrées

Aurélien connaît les limites du no-code : coût par utilisateur, dépendance à la plateforme, ne pas être propriétaire du code, sécurité, scalabilité sous certaines conditions. Plutôt que de les nier, il les anticipe. Les données sensibles sont évitées ou cloisonnées, les documents légaux mis à jour en continu par des expertes métier intégrées à l’équipe.

"Quand on devra changer de technologie, on aura déjà un modèle testé, utilisé et validé. Ce sera beaucoup plus simple de le recoder."

Une veille juridique intégrée à la mécanique produit

L’un des atouts d’OILHI réside dans sa capacité à suivre l’évolution rapide des textes de loi. Une réforme, un arrêté, une modification légale ? L’outil est mis à jour, les modèles de documents changent, l’arbre décisionnel s’ajuste. Pas d’automatisation magique, mais une équipe connectée au terrain, en lien avec les préfectures.

Cette veille assure aux collectivités une sécurité juridique précieuse notamment face aux marchands de sommeil qui maîtrisent parfaitement les failles des procédures.

Des limites du no-code... aux bons projets no-code

Glide ne permet pas tout. Certaines missions échappent à son champ d’action : absence de gestion fine des erreurs, impossibilité de publier sur les stores, facturation par utilisateur parfois trop élevée. Mais pour Aurélien, ce n’est pas une raison de l’écarter : il suffit de choisir le bon outil pour le bon usage.

"C’est facile d’être déçu du no-code. Mais parfois, ce n’est pas le no-code le problème. C’est qu’il ne fallait juste pas l’utiliser."

Une hybridation à venir

Pour lui, l’avenir est clair : pas de guerre de chapelles entre no-code, low-code, IA et dev classique. Chaque projet devra choisir sa base technologique, quitte à mélanger les approches. Le no-code ne remplacera jamais tout. Mais bien utilisé, il peut changer beaucoup.